Également nommé collophore1, il est situé sur le premier segment abdominal (ci-dessus, images réalisées avec un  microscope électronique) 

Plus ou moins allongé selon les groupes (généralement plus long chez les Symphypléones), il est constitué d’un tube ventral et porte à sa base une paire de vésicules excrétiles extensibles à parois minces. (ci-contre2 à droite sur un Dicyrtomina ornata

Ces vésicules se rétractent dans le cylindre par l’intermédiaire de douze muscles dits rétracteurs. Les vésicules sont dotés d’organes sensitifs interprétés comme hydrorécepteurs, osmorécepteurs* et récepteurs pH (acidité/basicité) ainsi l’animal peut augmenter ou réduire ces valeurs en sortant ou en rétractant ses vésicules. La fonction principale du collophore est donc hydrique, à travers le transport de l’eau et des ions vers l’hémolymphe**.

Cet organe possède des fonctions secondaires, comme, par exemple, grâce à une glande adhésive, à maintenir le collembole en place lorsqu'il évolue sur des surfaces lisses. On peut également citer la fonction respiratoire grâce au passage de l'oxygène à travers sa paroi fine. Certains chercheurs pensent qu'il peut également jouer un rôle d'amortisseur lors de la réception d'un saut. Pour les espèces sur lesquelles cet organe est très développé, il pourrait également servir pour la toilette. Le collophore jouerait également un rôle dans l'équilibre des électrolytes et la sécrétion d'un "liquide soignant". Ci-contre, à gauche2, le tube ventral d'un Dicyrtomima ornata.

On pourra noter qu'une paire de néphridies labiales (équivalent à de reins) est située dans la partie caudo-ventrale de la tête. Chacune est composée d'un petit sac (sacculus) dans lequel sont présents des podocytes (cellules ramifiées) et un tubule (structure en forme de petit tube). La partie distale*** des deux tubules néphridiens se rencontre dans un sac d'extrémité postérieur au labium. Le liquide qui s'accumule dans le sac est généralement hypo-osmotique pour l'hémolymphe et peut être considéré comme de l'urine. Cette "urine" est évacuée dans la rainure ventrale et passe dans le tube ventral par action capillaire.

L'image ci-dessous montre la rainure ventrale depuis son départ du cone buccal puis sur les deux premier segments thoraciques d'un Neanuridae. L'encart1 est issu d'une photographie prise au microscope électronique, il montre le détail d'un canal.

La seconde image montre la "gouttière" ventrale depuis le cone buccal jusqu'au premier segment abdominal d'un Monobella grassei.

 L'épithélium du tube néphridien possède les caractéristiques ultrastructurales des cellules résorbantes, de sorte que les néphridies remplissent presque certainement les fonctions de reins d'ultrafiltration et réabsorption.

Ainsi, les néphridies labiales et le tube ventral sont impliqués dans l'équilibre ionique et hydrique.

 

On devrait l’appellation scientifique de "collembole" à John Lubbock (1834-1913) en raison de la présence de ce tube ventral, du grec κόλλα, kólla (colle) et έμβολο, emvolo (piston).

* Un osmorécepteur qualifie un senseur présent sur des cellules, sensible aux variations de pression osmotique. Un phénomène osmotique est relatif à l'osmose, à l'osmorégulation. La pression osmotique, un choc osmotique et l'action osmotique font appel aux différences de pressions entre deux milieux, généralement aqueux ou liquides. Ce qui est osmotique est souvent accompagné d'une phénomène hydrostatique.
Par exemple l'homme possède des osmorécepteurs (cellule nerveuse) qui informent le cerveau de l'état d'hydratation de l'organisme, et qui déclenchent la soif et la rétention d'urine. S'ils s'activent en cas de déshydratation, ils sont inhibés dès l'absorption de boisson, même si l'équilibre hydrique n'est pas encore restauré.

**  L'hémolymphe est le liquide circulatoire des arthropodes (insectes, arachnides…) dont le rôle est analogue au sang et au liquide interstitiel des vertébrés.

*** La partie distale, se dit de la partie la plus éloignée de l'organe de référence.

 

1 : Images d’après « Atlas of the biology of soil arthropods » - G.Eisenbeis et W.Richard (1985)

2 : Images par Philippe Garcelon

3Les épithéliums sont des tissus constitués de cellules étroitement juxtaposées, sans interposition de fibre ou de substance fondamentale. Ces cellules sont associées les unes aux autres grâce à des jonctions intercellulaires.